En écoute : Both Sides of the Sky, le dernier album posthume de Jimi Hendrix

En écoute : Both Sides of the Sky, le dernier album posthume de Jimi Hendrix

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Par Rachid Majdoub

Publié le

Prêt pour un saut endiablé dans le temps ?

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C’est parti. Mets-toi bien, équipe tes oreilles, ça va décaper. Et ce dès la première chanson, une cover furieuse du “Mannish Boy” de Muddy Waters.

Si Jimi Hendrix s’est envolé il y a 47 ans, son aura plane toujours sur les deux côtés du ciel.

Both Sides of the Sky, dévoilé le 9 mars dernier par Legacy (Sony Music), comporte 13 pistes soigneusement restaurées. Enregistré vers la fin de sa vie, entre 1968 et 1970, le dernier album posthume de la légende compte un titre exclusif, des morceaux rares et des versions inédites de sessions revisitées par un Hendrix assoiffé de musique.

Sans oublier des petits délires, comme lorsqu’il insère de sa guitare sur le thème de la série télé Batman dans “Lover Man” – track n° 2 de ce dernier volet d’une trilogie entamée en 2010 avec Valleys of Neptune et poursuivie en 2013 avec People, Hell and Angels. Ou encore lorsqu’il s’amuse à coups de “nananananana” sur la fin du refrain de l’encore plus incroyable “Stepping Stone” (track n° 4). “Il n’aurait jamais fait ça pour un album de son vivant”, me glisse Yazid Manou, attaché de presse et grand spécialiste du bonhomme.

Nous sommes en 2018 et Jimi n’en finit pas d’étonner avec un album à la mesure de son caractère, 47 ans après sa mort survenue dans un hôtel londonien, le 18 septembre 1970, alors qu’il n’avait que 27 ans. On reconnaît une légende à l’immortalité de son aura : celle d’Hendrix plane encore aujourd’hui grâce à ces raretés nées au bout de quatre années (seulement) d’enregistrements et de live. Une petite demi-décennie, mais tellement importante en termes de productions, durant laquelle l’icône mondiale vivait d’amour, de concerts et de sessions en studio qui lui ont permis d’enregistrer une multitude de morceaux.

S’il est connu pour ses albums cultes comme Are You Experienced (1967), Axis: Bold as Love (1967) ou Electric Ladyland (1968) – desquels sont tirés ses singles les plus connus comme “Purple Haze”, “Hey Joe”, “Foxy Lady”, “The Wind Cries Mary”, “Up from the Skies”, “Burning of the Midnight Lamp” – Jimi Hendrix a laissé derrière lui un immense coffre renfermant des trésors qui lui permettent de traverser les époques. Cette fois, il revient à travers un album pour les fans avertis, qui se démarque musicalement de ses disques plus “classiques”, avec des pistes dont la sortie n’était pas prévue mais qui atteignent quand même la perfection.

Fan de science-fiction, éternel insatisfait, lover et bluesman déconneur : toutes ces facettes se ressentent sur Both Sides of the Sky, album dans lequel on retrouve une reprise du titre “Woodstock” de Joni Mitchell, sur laquelle la basse de Jimi accompagne Stephen Stills, membre du groupe Crosby, Stills, Nash and Young que l’on retrouve également sur la piste 5, “$20 Fine”. Pour la petite histoire, ce titre enregistré le 30 septembre 1969 devait s’appeler “30$ Fine”. Depuis, son montant a changé mais sa valeur reste inestimable. Il s’agit du seul vrai inédit de l’album : une pépite de jam avec la voix de Stephen Stills, que Jimi, plein de groove, accompagne à la guitare.

Il s’engouffre ensuite dans son blues originel sur une version rafraîchissante de “Hear My Train a Comin'”, un morceau que le guitariste gaucher a travaillé et retravaillé pendant trois ans pour aboutir à cette version de 1969 totalement savoureuse. Seul titre de l’album où les trois membres de The Jimi Hendrix Experience sont réunis, il était pratiquement finalisé alors qu’Hendrix s’apprêtait à mettre fin au groupe – pour ensuite créer un autre super-trio, Band of Gypsys avec Billy Cox et Buddy Miles, avec lesquels il faisait ses toutes premières sessions d’enregistrement, que l’on retrouve sur cet album.

Projet où l’on retrouve aussi un “Power of Souls” qui s’enchaîne sur un rythme effréné, portant l’album jusqu’à un ultime morceau instrumental touchant, “Cherokee Mist”, sur lequel Jimi Hendrix, sitar en main, joue pour ses racines amérindiennes accompagné de Mitch Mitchell.

Interview : Eddie Kramer, fidèle ingé son de Jimi Hendrix

Il y a beaucoup à dire sur cet ouvrage… qui n’aurait pas pu prendre vie sans Eddie Kramer : il était là pour immortaliser ces sessions d’enregistrement historiques, avant de les restaurer plus de quatre décennies plus tard. C’est dans les immenses couloirs de Sony Music UK que je le rencontre, serrant la main qui a produit et enregistré des grands classiques de Kiss, Led Zeppelin, Jimi Hendrix, des Beatles, des Stones… Rien que ça.

Autant vous dire qu’il avait pas mal d’histoires croustillantes à raconter sur Hendrix, du travail en studio à une balade sans permis en Corvette, en passant par des aspects plus techniques de la musique de Jimi, l’importance qu’il vouait au riff, son talent de lyriciste ou encore sa passion pour la science-fiction et les super-héros (dont il fait partie) :

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