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Trafic de drogue et cinéma : une histoire d’amour en 4 films

Trafic de drogue et cinéma : une histoire d’amour en 4 films

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Par Louis Lepron

Publié le

French Connection : le film culte

1971. William Friedkin, avant d’exploser avec L’Exorciste, sort French Connection. L’histoire de deux flics, Jimmy “Popeye” Doyle et Buddy “Cloudy” Russo, qui sont le coup d’un trafic de drogue important entre la France et les États-Unis. Impeccable dans le rôle du flic obnubilé par ce gang de Français, Gene Hackman incarne la solidité de l’État américain face à l’invasion d’une héroïne, produite par les laboratoires du sud de l’Hexagone. Le film sort à l’aurée d’une décennie qui verra le marché exploser, avec près de 40 à 44 tonnes de drogue exportées tous les ans.
Si sa thématique est d’actualité à l’époque, William Friedkin impressionne par son talent de réalisateur. Les scènes d’action sont brutes, le sang gicle et on se souvient de cette folle course-poursuite entre une voiture de flic et un métro aérien dans les rues de New York. Une certaine idée de l’adrénaline que peut procurer ce film désormais culte :

Douze ans après, Brian De Palma fait fort. Avec Scarface, le cinéaste américain montre l’envers du décor. La caméra n’est plus du côté des flics mais des trafiquants, suivant l’ambitieux Tony Montana sur les routes sinueuses de la Floride. En 2007, Ridley Scott sort American Gangster, film de guerre des gangs autour de la vente d’héroïne venue du Vietnam à New York. Au programme, un puissant Denzel Washington pour un film qui plonge, à nouveau, dans les méandres des années 70.

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Le trafic à l’anglaise : Arnaques, crimes et botanique

Arnaques crimes et botanique de Guy Ritchie, c’est un peu la version comique et déjantée de French Connection. Si le premier voit un solide réseau se construire entre la France et les États-Unis sous couvert d’une magouille avec la mafia locale et la volonté de submerger de poudre blanche les États-Unis, le deuxième est à l’anglaise. En somme, les pérégrinations de personnages  – Eddie, Bacon, Soap et Fat Man – qui déboulent sur un terrain qu’ils n’ont pas du tout conquis : la drogue.

Après avoir perdu aux cartes, l’équipe a une dette de 500.000 livres. Les quatre décident de braquer des braqueurs qui ont l’intention des braquer des cultivateurs de cannabis. Vous suivez ? Avec Guy Ritchie à la réalisation, Matthew Vaughn à la production, James Murphy à la bande-originale pendant que Jason Statham fait partie d’une équipe de bras cassés, Arnaques, crimes et botanique nous a convaincu d’une chose : quand on est en Angleterre et qu’on choisit de faire de l’argent avec de l’herbe, mieux vaut rester chez soi.

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Le gentleman cannabis : Mr. Nice

Mais Johnny Depp n’a pas l’apanage de la figure romantique du trafiquant d’herbe en pattes d’eph. En 2011, le talentueux acteur britannique Rhys Ifans incarne Howard Marks, véritable magnat de la verte né en 1945. Passé par Harvard, il commence sa carrière de dealer sans s’en rendre compte, en passant de la drogue pour des amis… et y prend goût. Très vite, son réseau s’étend de l’IRA à la CIA, ses contacts couvrent plusieurs continents et il organise une filière directe entre le Pakistan et Londres. Malgré ses nombreux avatars (il aurait endossé 43 identités différentes), toutes les bonnes choses ont une fin : celui qu’on surnomme “Mr. Nice” se fait coffrer et passe sept ans à l’ombre de la prison fédérale de Terre Haute.
Dans Mr. Nice, Rhys Ifans incarne une figure classique : celle du malfaiteur au grand cœur sans cesse rattrapé par ses démons. Si la légende Howard Marks mérite d’être contée, c’est parce qu’elle représente la success story d’un personnage qui se revendique non-violent, se dépêtrant parfois des pires situations grâce à son flegme britannique (car ce film vous apprend que oui, l’humour anglais peut vous sauver la vie).

Mais ce n’est pas tout. Si le réalisateur Bernard Rose a choisi Rhys Ifans, c’est peut-être parce que sa performance de DJ radiophonique le plus stylé de tous les temps dans Good Morning England (ou The Boat That Rocked) lui a tapé dans l’œil. Décrit comme “le baron de la drogue le plus sophistiqué de tous les temps” par la presse de l’époque, Howard Marks se devait d’être interprété avec panache. Et c’est pour une bonne part ce qui fait la majorité de l’intérêt de ce film.
Malgré cela, certains pourront y lire un sous-texte réussi sur l’hypocrisie des politiques de répression de la drogue, si souvent inadaptées et incapables de prouver leur efficacité – hier comme aujourd’hui. Ne vous y trompez pas : ce film n’est ni une apologie, ni une attaque en bonne et due forme du trafic de drogue. Mais cette comédie dramatique a la délicatesse de montrer l’absurdité du caractère illégal de la verte, et à quel point les pouvoirs publics sont souvent paumés lorsqu’il s’agit de s’en occuper. Paumés, ou carrément hallucinés.
Article écrit en collaboration avec Theo Chapuis