J’ai dormi parmi vingt inconnus pendant un concert de huit heures

J’ai dormi parmi vingt inconnus pendant un concert de huit heures

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Par Thomas Andrei

Publié le

Comme une succession d’économiseurs d’écran

D’un coup, mon sac de couchage bleu est très confortable. J’ai volé un coussin d’un canapé et enroulé ma tête dans l’écharpe de ma copine. La musique est incroyablement belle. À l’extérieur de la salle de lecture de la Wellcome Collection, la vie reprend son cours bruyant sur Euston Road. Je pourrais aisément dormir trois heures de plus. C’est comme se réveiller dans une version présente d’Herle film de Spike Jonze.
Les gens ont beau applaudir et sembler heureux, la nuit n’a pas été facile. Max Richter est certes un compositeur reconnu, notamment pour son travail sur le superbe Valse avec Bachir  d’Ari Folman et pour la non moins belle série d’HBO The Leftovers, mais SLEEP n’est pas vraiment une symphonie conventionnelle. La musique fut conçue avec le neurologue américain David Eagleman, qui explique :

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Je vois SLEEP comme la tentative d’apercevoir cet espace de notre esprit où la musique peut vivre quand la conscience s’éloigne.

“On a tous besoin d’un bouton pause”


A la dernière note, tout le monde applaudi les musiciens éreintés. À l’exception de cet homme d’une soixantaine d’années qui s’est endormi trente minutes avant le début du concert, tout le monde s’est réveillé toutes les vingt minutes, mais en semble satisfait. On devrait vous applaudir chaque jour pour vous être levés.
J’ai mal dormi mais me sens bien. Comme un gosse solitaire, heureux de se réveiller parmi vingt inconnus, et d’avoir l’impression d’avoir vécu avec eux quelque chose d’important. Comme si Max Richter et son orchestre étaient là pour nous protéger d’un mal sévissant à l’extérieur du musée. Que ce soit le stress, la ville, la vie moderne.
À propos de l’experience, le compositeur raconte :

Ce n’est pas quelque chose de nouveau en musique […] et cela se reproduit en partie en réaction à nos vies effrénées – on a tous besoin d’un bouton “pause”.

Je ne retrouverai probablement jamais la grande salle où j’ai aperçu mon grand-père. Mais si je veux essayer, je sais quoi écouter.