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Domestikator, l’œuvre (trop) explicite, refusée par le Louvre

Domestikator, l’œuvre (trop) explicite, refusée par le Louvre

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Par Manon Baeza

Publié le

Une sculpture-habitacle devait apparaître dans les jardins des Tuileries dans le cadre de la Foire internationale d’art contemporain de Paris. Seulement, jugée trop sexuellement explicite, celle-ci a été retirée du parcours hors les murs.

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À l’occasion de la Foire internationale d’art contemporain (FIAC) de Paris qui aura lieu du 19 au 22 octobre prochain, le collectif néerlandais “Atelier Van Lieshout” avait imaginé une sculpture-habitacle pour le moins originale et surprenante. Baptisée Domestikator, celle-ci représentait des maisons de 12 mètres de haut en pleine action sexuelle.

Elle aurait dû être installée dans les jardins des Tuileries, dans le cadre du parcours “hors les murs” de cette manifestation artistique, mais le Louvre en a décidé autrement. Effectivement, la direction de l’emblématique musée parisien a annoncé qu’elle refusait cette œuvre, pour sa connotation sexuelle bien trop explicite.

Cette œuvre hybride mêlant art et architecture, a initialement été conçue en 2015 à Bochum, en Allemagne, dans le cadre de la Ruhrtriennale, un festival d’art et de musique. Elle y est d’ailleurs toujours exposée, précise Le Monde.

La France serait-elle plus pudique que ses voisins européens ? Il semblerait que oui car Domestikor n’est pas la première œuvre “sexuelle” à provoquer la controverse. Il y a trois ans, toujours dans le cadre de la FIAC, l’artiste Paul McCarthy avait réalisé place Vendôme un “sapin ambigu” représentant un plug anal. En l’espace de seulement deux jours, l’œuvre avait été saccagée puis retirée.

L’artiste et le musée se justifient

Consterné, l’artiste rétorque : “Il n’y a rien de bestial dans le Domestikator. Mon propos, c’est comment les hommes domestiquent la planète, comment ils peuvent aussi l’améliorer.” Joep Van Lieshout, le fondateur du collectif, déclarait au cours d’une interview téléphonique : “Un musée devrait être un espace ouvert à la communication. Les tâches du musée et de la presse, c’est d’expliquer le travail artistique“, indique le New York Times. Ce dernier vient ajouter : “la pièce elle-même n’est pas très explicite. Cela reste une forme très abstraite. Il n’y a pas de parties génitales dévoilées : c’est assez innocent.

Le Louvre se justifie en expliquant que : “Le choix des œuvres exposées dans le jardin des Tuileries dans le cadre de la FIAC se fait lors de trois commissions (incluant Louvre et FIAC), où est discuté l’intérêt de les présenter dans ce cadre et à proximité des collections du Louvre. L’œuvre Domestikator a été présentée après ces commissions, ne permettant pas d’en discuter la présentation dans le jardin collégialement“, tel que le rapporte Le Monde.

Jean-Luc Martinez, le président actuel du Louvre, a envoyé un courrier destiné à la FIAC le 26 septembre dernier. Celui-ci indiquait que : “des légendes sur Internet circulent et attribuent à cette œuvre une vision trop brutale qui risque d’être mal perçue par notre public traditionnel du jardin des Tuileries.” Enfin, l’œuvre aurait dû s’installer à proximité d’une aire de jeux pour enfants, un emplacement qui n’a fait qu’accentuer les réticences du musée.

Toujours selon Le Monde, la galerie Carpenters Workshop aurait déclaré que la Ville de Paris aurait tenté de trouver une alternative pour lui trouver un nouvel emplacement mais “c’est trop tard. L’œuvre est imposante, elle pèse 30 tonnes, et les délais sont trop courts”.

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