Court-métrage : Natalia Dyer découvre le plaisir féminin dans Yes, God, Yes

Court-métrage : Natalia Dyer découvre le plaisir féminin dans Yes, God, Yes

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Par Pauline Mallet

Publié le

L’actrice de Stranger Things se glisse dans la peau d’une jeune fille de 17 ans qui découvre, à travers Internet, ses propres désirs et son plaisir personnel.

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Trop peu souvent abordé, voire complètement nié, le plaisir féminin a peu à peu une visibilité et (enfin) une reconnaissance. Alors que le clitoris fait son apparition dans les manuels scolaires, les représentations des sexualités féminines se multiplient sur le petit écran (contrairement au grand écran qui peine à s’y mettre). Alors que les jeunes garçons ont toujours pu profiter de la représentation de leurs plaisirs sexuels à travers des œuvres audiovisuelles populaires (par exemple avec American Pie dans le sens où la masturbation masculine est totalement décomplexée), les jeunes filles ont été, comme bien souvent dans la société, écartées et relayées à un rôle secondaire.

C’est à travers un court-métrage simple mais efficace que la réalisatrice Karen Maine (Obvious Child) explore, via son personnage principal, la découverte du plaisir féminin. Le topo est très simple : une jeune fille de 17 ans, élève dans un lycée catholique, découvre en chattant avec un internaute anonyme la masturbation féminine. Curieuse de braver ce qui lui est interdit, la jeune fille se donne à un plaisir personnel jouissif. Entre sa culpabilité appuyée par l’enseignement et l’éducation qu’elle reçoit et son désir avide, la lycéenne entre alors dans une phase de doute engendré par le regard et le jugement des autres.

Si ce court film n’est pas forcément remarquable par sa réalisation, il l’est néanmoins par les sujets qu’il aborde. Frontalement, la réalisatrice met en relation le désir féminin et la religion. L’idée n’est pas de trouver un coupable mais de mettre en lumière les idées archaïques omniprésentes dans la société. Via cet exemple de la religion (qui a des codes moraux et des rôles sexués bien définis), la réalisatrice américaine traite avec brio son sujet.

Un tabou omniprésent et pesant

Bien que les questionnements sur les désirs et les plaisirs féminins commencent à être de plus en plus soulevés dans les œuvres audiovisuelles, notamment dans les séries télévisées, ils restent bien trop souvent marginaux. Une vision archaïque poussée par une société patriarcale traditionnelle. Les sexualités féminines sont sous-représentées, et les femmes trop souvent réduites à des rôles prédéfinis par la société (comme le fait d’être mère et d’être épouse). Le “bechdel test” évalue le degré de sexisme d’une œuvre cinématographique, selon trois critères. Il faut au moins deux personnages féminins nommés, qu’elles se parlent et d’autres choses que d’un homme. Sur 4 000 films évalués, 40 % d’entre eux ne passent pas le test.

Ainsi, généralement, le plaisir féminin n’est pas représenté en tant que tel et est soumis au plaisir masculin. Il est aussi souvent représenté en lien avec le désir de procréer. Tout comme dans le court-métrage de Karen Maine où, lors d’un cours, le sexe n’est expliqué que dans l’optique de procréation. Le désir et le plaisir sont occultés, soulignant, quelques phrases plus tard, que la masturbation n’est pas autorisée puisqu’elle ne peut pas “créer”.

Assimilée à la culpabilité, la masturbation féminine reste, pour la grande majorité, un tabou qu’il est urgent de briser. C’est en multipliant les représentations des désirs féminins que les stéréotypes se dissiperont. Concluant son court-métrage par une scène cachée mais explicite de masturbation féminine, la réalisatrice de Obvious Child mène un acte révolutionnaire réjouissant.