Placé sous l’héritage de Prince, le retour de Janelle Monáe est une ode aux femmes noires

Placé sous l’héritage de Prince, le retour de Janelle Monáe est une ode aux femmes noires

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Par Naomi Clément

Publié le

En dévoilant “Make Me Feel” et “Django Jane”, les deux premiers singles de son prochain album Dirty Computer, la chanteuse ressuscite le Kid de Minneapolis, et prône la liberté totale des femmes noires.

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Cinq ans après son deuxième album The Electric Lady, sur lequel on retrouvait notamment Solange Knowles et Erykah Badu, Janelle Monáe s’apprête à faire son grand retour. Le 27 avril prochain, l’interprète de l’entêtant “Yoga” dévoilera son troisième opus, baptisé Dirty Computer. Désireuse de nous en donner un avant-goût, la chanteuse de 32 ans, qui avait déjà révélé un intrigant teaser la semaine passée, partage aujourd’hui les deux premiers singles de ce nouveau disque, ainsi que les clips qui les accompagnent : “Make Me Feel” et “Django Jane”.

Porté par une esthétique acidulée, qui évoque instantanément l’épisode dystopique de “San Junipero” issu de la troisième saison de Black Mirror, le clip de “Make Me Feel” est un véritable hommage à Prince, que notre artiste considère comme son mentor. “Je ne serais pas aussi à l’aise avec la personne que je suis aujourd’hui sans lui, confiait-elle récemment à The Guardian. Et puis, mon label Wondaland n’aurait jamais vu le jour si Paisley Park n’était pas venu nous chercher. […] C’est assez difficile pour moi de parler de tout ça aujourd’hui, en vérité, car Prince m’a beaucoup aidé pour cet album avant son décès [en avril 2016, ndlr].”

Et en effet, l’influence de Prince est on ne peut plus perceptible sur ce premier single. Non seulement “Make Me Feel” intègre des riffs de guitare semblables à ceux qui marquent le mythique “Kiss”, mais en outre, il prône la liberté identitaire de l’individu – une idée chère au géniteur de Musicology qui, tout au long de sa carrière, n’a cessé de briser les stéréotypes de genre. “Prince faisait partie de la catégorie des ‘free motherfuckers’, poursuivait-elle. […] David Bowie faisait également partie de cette catégorie ! Et je peux encore ressentir leur esprit, leur énergie. Ils étaient capables d’évoluer. Tu pouvais ressentir cette liberté en eux.”

“J’espère que les gens se sentiront de plus en plus libres”

Le clip de “Make Me Better”, réalisé par Alan Ferguson (le mari de Solange Knowles), expose ainsi plusieurs facettes de la personnalité de Janelle Monáe, qui incarne tantôt une femme fatale aux costumes flamboyants, flanquée de jeans à fleurs transparents et de soutien-gorge incrusté de miroirs, tantôt une femme sexuellement libérée, hésitant à tomber dans les bras d’un jeune homme ou dans ceux de l’actrice Tessa Thompson.

Cette ode à la liberté sexuelle, qui a agité Twitter la nuit passée, n’est autre qu’un clin d’œil aux rumeurs qui courent depuis plusieurs années quant à la sexualité de l’Américaine. “J’espère que les gens se sentiront de plus en plus libres, peu importe ce qu’ils font dans la vie, continuait-elle dans les colonnes du Guardian. J’ai envie que les gens reprennent le contrôle de leur histoire et leur corps.” Elle ajoute :

“J’avais aussi envie de faire savoir aux gens qu’ils ne me possèdent pas, et qu’ils n’utiliseront pas mon image pour diffamer ou dénoncer les autres femmes […]. Certaines personnes ont utilisé mon image pour faire du slut-shaming, en expliquant : ‘Janelle, on apprécie vraiment le fait que tu ne montres pas ton corps.’ Je ne suis pas d’accord avec ça. Oui, j’ai porté des smokings, mais je ne l’ai pas fait dans ce but-là.”

Une réponse “à ce qui menace mes droits en tant que femme noire”

Cette liberté d’image, de sexualité et d’expression, on la retrouve également dans “Django Jane”, le deuxième single de Dirty Computer. Ce dernier, partagé au beau milieu du Black History Month, revendique l’héritage africain de l’artiste. On y découvre une Janelle Monáe toute-puissante, escortée par une horde de femmes noires ravivant la flamme des Black Panthers (une vision qui n’est pas sans rappeler la performance historique de Beyoncé au Super Bowl de 2016), qui a pour l’occasion troqué le chant caractérisant habituellement ses morceaux pour un phrasé rappé, plus percutant.

Le morceau, qui encourage le mouvement “Black girl magic”, se lit selon l’intéressée comme une réponse “à ce qui menace mes droits en tant que femme, mais aussi en tant que femme noire, que femme sexuellement libérée, et en tant que fille de parents qui ont été oppressés pendant des décennies”. Et de conclure :

“Les femmes noires, les marginalisés de la société, tous ceux qui ont été considérés comme ‘les autres’ : voilà les personnes que je souhaite représenter et soutenir.”

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