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Warm Up : Azizaa, la nouvelle prêtresse de la musique vaudoue

Warm Up : Azizaa, la nouvelle prêtresse de la musique vaudoue

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Par Naomi Clément

Publié le

Son nom ne vous dit peut-être rien, pourtant Azizaa est bien connue du petit monde de la musique. Élevée entre Accra, la capitale du Ghana, et New York, cette jeune chanteuse, que certains comparent déjà à Grace Jones, Miriam Makeba ou Nina Simone, a en effet assuré les premières parties des concerts de Rick Ross, Buju Banton, Fabolous ou encore Beenie Man. Des artistes qu’elle a conquis grâce à sa voix grave et puissante, et à son univers hypnotique. “Je qualifierais ce que je fais de ‘musique vaudoue’, décrypte Azizaa dans un communiqué. L’idée, c’est de créer un pont reliant l’antique et le nouveau, l’ancien et le moderne, le passé et le présent, le jeune et le vieux, et même le présent et le futur.”

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L’idée, c’est aussi de combattre les maux de la société. Avec son clip “Black Magic Woman”, sorti en 2015, Azizaa nous transporte dans un monde plein de magie, régi par les croyances spirituelles de l’Afrique de l’Ouest, tout en pointant du doigt les effets néfastes du christianisme dans son pays. “Dans cette vidéo, nous mettons en lumière un énorme problème au Ghana, et en Afrique de façon générale, confiait notre artiste à The Fader. Un problème que nombre d’Africains refusent d’admettre. Beaucoup de leaders religieux profitent en effet de leur statut pour abuser des gens. Ils profitent de la vulnérabilité et du désespoir de ces personnes pour prendre l’avantage sur eux. Ils thésaurisent, en prenant l’argent de ces personnes, et finissent par vivre comme de vrais colonialistes.”

Une ode aux traditions vaudoues et aux femmes noires

Deux ans après “Black Magic Woman”, Azizaa est aujourd’hui de retour avec “Adze Kolo – Voodoo Pussy”. S’inscrivant dans la lignée de ses premiers travaux, ce nouveau morceau lui permet de s’imposer un peu plus encore comme la prêtresse contemporaine de cette musique voodoo et revendicative, dont le but est de célébrer les croyances et les femmes africaines.
Son clip, réalisé par Wanlov “The Kubolor” Cini, se lit en effet comme une ode à la religion vaudoue et à la toute-puissance des femmes ewé, ce peuple d’Afrique de l’Ouest vivant principalement dans le Sud-Est du Ghana et le Sud du Togo, à qui l’on attribue en partie l’origine de la religion vaudoue. “Ce titre parle de la puissance du vaudou chez les Ewé, poursuit Azizaa, et du fait que les mères des tribus alentour mettent leur fils en garde contre les femmes ewé. Les hommes ont tendance à mettre leur vie de côté une fois face à une femme ewé.”

Ce morceau ensorcelant, féministe aussi, est le premier extrait de son album Vodua. Prévu pour le début de l’année 2018, ce dernier tentera de nous ouvrir davantage encore les portes des cultes vaudous pratiqués en Afrique de l’Ouest. “Le mot ‘Vodua’ veut dire divinité. Dans la spiritualité d’Afrique de l’Ouest, tout le monde a un esprit vaudou, qui nous guide dans la vie, particulièrement dans les moments les plus difficiles”, précise-t-elle, avant d’ajouter :

“Cet album parlera ainsi des divinités africaines ancestrales, à la lueur d’une interprétation moderne. Mais surtout, il retracera ma relation à la religion vaudoue, que je pratique depuis toujours, dans l’espoir d’enseigner au monde que le vaudou est une pratique spirituelle libre, qui permet à tous de se frayer un chemin vers sa propre spiritualité. C’est aussi une façon de rappeler à ceux qui arpentent déjà ce chemin qu’il ne faut jamais se crisper, mais toujours danser.”