Accusé de sexisme, le Festival d’Angoulême remanie sa sélection

Accusé de sexisme, le Festival d’Angoulême remanie sa sélection

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Par Thibault Prévost

Publié le

Après une vague de critiques liées à l’absence de femmes dans la sélection du Grand Prix d’Angoulême, le festival va dévoiler une nouvelle liste.

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Les protestations ont été entendues. Après les accusations de sexisme liées à la présentation de sa liste des nommés pour le Grand Prix, le Festival international de la bande dessinée (FIBD) d’Angoulême, qui se tiendra du 28 au 31 janvier, a annoncé à Francetv info, mercredi 6 janvier, qu’une nouvelle liste dans laquelle “figureront des auteures” serait présentée prochainement.

Chronologie des faits. Le 5 janvier, c’est Riad Sattouf, récompensé en 2015 par le Fauve d’or (meilleur album) pour L’Arabe du futur, qui se fendait d’un message sur Facebook pour dénoncer le manque de parité dans les choix des organisateurs (30 nommés et aucune femme, il fallait le faire, quand même) et annoncer son intention de décliner sa nomination.

#WomenDoBD

La démarche militante du dessinateur de La Vie secrète des jeunes fait des émules : le 6 janvier, on apprend que trois de ses confrères, dont le Français Joann Sfar (Le Chat du rabbin) et les Américains Daniel Clowes (Ghost World) et Charles Burns (Black Hole) annulent à leur tour leur venue à Angoulême pour protester contre cette sélection exclusivement masculine.

Dans le même temps apparaît le hashtag #WomenDoBD pour vanter les mérites de la production féminine, tandis qu’un collectif d’auteures appelle au boycott du festival. Pascale Boistard, secrétaire d’État chargée des Droits des femmes, est elle aussi rentrée dans le débat.

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“Un quart à un tiers d’artistes féminines” dans la sélection officielle

Ce mercredi, les organisateurs du FIBD ont enfin pris la parole. Ils rejettent les accusations de sexisme et défendent la subjectivité de leur sélection. Pour Franck Bondoux, délégué général de Neuvième Art, la société organisatrice du festival, le Grand Prix est un “prix rétroviseur” qui récompense la carrière d’un auteur. La bande dessinée ayant longtemps été exclusivement masculine – “on ne peut pas tordre cette réalité”–, il est selon lui logique que cette dominante se reflète dans la sélection.

Pour se justifier, les organisateurs ont également convoqué la sélection officielle qui, contrairement à la liste des nommés, doit contenir “un quart à un tiers d’artistes féminines”, selon Franck Bondoux, alors que la profession compte environ 15% de femmes. Et c’est vrai : cette année, sur les 40 albums en compétition officielle, dix sont signés ou co-signés par des femmes. Mea culpa, néanmoins, pour les organisateurs, qui avouent qu’ils auraient dû “être plus vigilants”.

Cette sélection 2016 intervient quatre mois après la création du Collectif des créatrices de bande dessinée contre le sexisme, au sein duquel on trouve notamment les talentueuses Pénélope Bagieu et Marion Montaigne. Sur le coup, elles ont eu le nez creux. En quarante-trois ans, Florence Cestac est la seule femme à avoir reçu, en 2000, un Grand Prix à Angoulême. On ignore pour l’instant quand la nouvelle liste des nommés pour le Grand prix sera dévoilée.