Apple n’est plus l’entreprise la plus chère au monde

Apple n’est plus l’entreprise la plus chère au monde

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Par Thibault Prévost

Publié le

Avec un chiffre d’affaires de 21 milliards de dollars au troisième trimestre 2015, Alphabet, la maison-mère de Google voit le prix de son action s’envoler. Elle surpasse ainsi Apple à Wall Street et devient l’entreprise la mieux cotée en Bourse du monde.

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En deux jours et deux annonces consécutives, Alphabet a confirmé ce que tous les acteurs de la high-tech savaient déjà en leur for intérieur : oui, le vaisseau amiral de Google est bien l’entreprise la plus puissante au monde. En rendant public ses résultats du quatrième trimestre et, du même coup, ses résultats annuels, la jeune holding Alphabet a fait se pâmer d’admiration toute la Silicon Valley.

Sur les trois derniers mois de 2015, elle a ainsi réalisé un chiffre d’affaires de 21 milliard de dollars, dont 5 milliards de profit net. Une performance au-delà des prévisions les plus optimistes qui permet à l’action Alphabet de s’envoler de 5 % et de doubler Apple. Avec une capitalisation boursière d’environ 544 milliards de dollars (20 milliards de plus qu’Apple), Alphabet est donc la société cotée en Bourse la plus importante du monde.

Si Alphabet était un pays, il posséderait le 22e PIB le plus important de la planète, devant la Norvège, l’Argentine ou les Émirats Arabes Unis.

Investir à perte aujourd’hui… pour dominer demain

En se restructurant en conglomérat, Google a séparé ses activités rentables (les produits Google du quotidien) de ses “moonshots”, ces lignes de pêche technologiques lancées vers l’avenir sans aucune certitude de succès. Dans l’ombre gigantesque de ses résultats financiers annuels, Alphabet a également rendu public le coût des ses investissements aussi dingues que mystérieux. Et levé le voile sur une autre partie, plus camouflée, de l’univers Alphabet, dont nous vous parlions déjà lors de la restructuration du conglomérat.

La majeure partie des 75 milliards de chiffre d’affaires engrangés par l’entreprise en 2015 – 74, 5 milliards – a été réalisée grâce aux produits estampillés Google (moteur de recherche, OS mobile, navigateur Web, messagerie, partage de vidéos). Les 448 millions restants sont le fruit des autres projets, élaborés à grand frais par la section Google X.

En 2015, Sergey Brin et Larry Page auront ainsi perdu 3,6 milliards de dollars à tenter de conquérir le futur : les voitures autonomes de Google X Labs, le réseau Internet supersonique de Fiber, la domotique de Nest, les investissements audacieux de Google Ventures et les percées médicales de Calico ou Verily nécessitent des ressources démentielles pour un retour sur investissement quasi nul.

Plus vite, plus haut, plus loin

La stratégie aurait coulé n’importe quelle autre entreprise, mais que sont 3 milliards et quelque de pertes nettes quand on vient de réaliser 5 milliards de profits sur les trois derniers mois ? Page et Brin ont les moyens de leurs ambitions et le savent parfaitement : cette année, les pertes liées à la catégorie des “Autres paris”, qui regroupe tous les “moonshots”, ont augmenté de 83 % en un an. Et continueront d’augmenter à l’avenir.

Lors de la dernière présentation des résultats financiers, en octobre dernier, la responsable financière d’Alphabet, Ruth Porat, a prévenu les investisseurs que plus de profits rimerait avec plus d’investissements dans la recherche et le développement, sans toutefois préciser quels projets seraient concernés. Enfin, la responsable a annoncé que la division “Autres paris” pourrait grandir, avec le lancement de nouveaux projets ou le rachat de start-up.

Drones livreurs d’accès à l’Internet 5G, pilules d’immortalité, maison entièrement autonome, énergies 100 % renouvelables : Brin et Page vont partout à la fois. Ils s’égareront probablement en route. Mais avec une telle puissance financière entre leurs mains, il est bien probable que quelques-unes de leurs idées surréalistes se concrétisent. Et plus tôt qu’on ne le pense…