5 choses que vous ne saviez pas sur Taxi Driver

5 choses que vous ne saviez pas sur Taxi Driver

Image :

( © Les Grands Films Classiques )

photo de profil

Par Lucille Bion

Publié le

Taxi Driver souffle ses 45 bougies et vous ne savez peut-être pas encore tout sur ce classique de Martin Scorsese.

Si c’est en 1973, avec Mean Streets, qu’explose le duo Robert De Niro-Martin Scorsese, c’est en 1976 avec Taxi Driver que les deux Italo-Américains s’imposent définitivement dans l’histoire du septième art.

À voir aussi sur Konbini

Découvert par Brian De Palma, qui lui offre sa première figuration dans The Wedding Party, une comédie minimaliste sortie en 1969, Robert De Niro connaît sans doute son rôle le plus marquant avec celui de ce chauffeur de taxi, arpentant les rues sombres et violentes de New York à des heures tardives.

À l’occasion des 45 ans de la sortie du film, on vous propose cinq choses que vous ne saviez peut-être pas sur le classique de Martin Scorsese.

Un film sur la violence et la rédemption

Couronné de la Palme d’or à Cannes en 1976, ce film sur la rédemption est considéré comme l’un des plus marquants du cinéma moderne par les critiques, à une époque où Martin Scorsese, Brian De Palma et Francis Ford Coppola sont en train de révolutionner l’industrie cinématographique en jetant leur regard personnel sur la société. 

Dans Taxi Driver, Robert De Niro campe Travis Bickle, un jeune homme du Midwest qui revient du Vietnam, traumatisé. De nature solitaire, il est insomniaque et tente de vaincre l’ennui dans les salles obscures spécialisées en films pornos. Mais il prend la décision de devenir chauffeur de taxi. Un petit job de nuit qui lui fera découvrir les quartiers louches de New York.

Il rencontre ensuite Betsy (Cybill Shepherd), l’une des assistantes de Charles Palantine (Leonard Harris), candidat à la présidentielle. Pour leur premier rendez-vous, il l’emmène voir un de ces films X qu’il adule tant. Choquée, elle le rejette, mais Travis reste dans l’incompréhension et se montre insistant.
Il accepte alors la violence, théâtre des rues de la ville. Son regard se pose ensuite sur une prostituée, Iris (Jodie Foster), à peine entrée dans l’adolescence. Travis essaye de raisonner la gamine mais en vain, elle refuse son aide. Il décide alors de prendre les choses en main et saccage l’hôtel de passe et les proxénètes pour la sortir de cet enfer.

Quelque temps après, Travis, qui a survécu à ses blessures, reçoit une lettre de remerciements de la part des parents d’Iris, qui est retournée au domicile familial. Les journaux font de Travis un héros, qui continue à gagner sa vie en tant que chauffeur de taxi. Le hasard fait que Betsy monte dans son taxi, l’occasion pour elle de le féliciter pour ses exploits. Il ne lui fait pas payer sa course et jette un coup d’œil dans le rétro en allant retrouver son prochain client.

1. D’où vient le fameux : You talkin’ to me?

Réplique cultissime du cinéma, le génial “You (are) talkin’ to me ?”, déclamé pour la première fois par un Travis déterminé à passer à l’action, est ensuite repris à la française dans La Haine par Vincent Casseldans Les Simpson ou encore dans Retour vers le futur 3.

Lorsque Robert De Niro décide de quitter l’école pour de bon et de devenir acteur, il suit les cours de Stella Adler, professeure rigide et prestigieuse qui ne forme dans son conservatoire new-yorkais que des comédiens professionnels et a notamment donné des cours à Marlon Brando et Warren Beatty. Mark Ruffalo, Benicio del Toro ou encore Christoph Waltz passeront par l’école qu’elle a fondée.

Stella Adler décide de faire une exception et accepte le jeune De Niro débutant. Parmi les multiples exercices de la formation, le professeur choisissait souvent un élève au hasard et lui imposait un exercice d’improvisation : il devait varier la tonalité de sa voix à partir de la fameuse phrase “Are you talking to me ?”

2. Ce n’était pas le premier rôle de chauffeur de taxi de Robert De Niro

Robert De Niro appartient à la catégorie de ces acteurs qui, pour construire leur personnage, se concentrent plutôt sur leur texte que sur leurs émotions si particulières, que l’on pourrait définir, pour la plupart, comme des névroses. 

Pour souligner le génie créateur de Robert De Niro, rappelons que l’acteur est un brin perfectionniste : s‘il a pris des cours de saxophone pour New York, New York et a appris à boxer pour Raging Bull, il a pour Taxi Driver passé sa licence de taxi en amont du tournage. Il a même travaillé comme chauffeur de nuit pendant plusieurs semaines à New York.

( © Harry Ransom Center )

(© Harry Ransom Center)

Mais en réalité, ce n’était pas la première fois qu’il jouait un chauffeur de taxi. On l’avait aperçu en 1971 dans Jennifer on My Mind. Un rôle secondaire qui n’avait même pas de nom et était juste crédité comme “chauffeur de taxi” au générique de fin. Cette petite comédie de Noel Black se concentre sur l’idylle entre Jenny et Marcus, un accro à la drogue. 

Dans cette brève séquence, De Niro fait sensation : il est complètement défoncé quand il commence sa course. Ça tombe bien, le client aussi. Robert de Niro, dont on pourra discuter le look, porte un bandana chelou et commence à se prendre la tête avec son client, avec des propos légèrement déplacés sur leurs sœurs. Absurde, mais marquant.

3. Le film a propulsé Paul Schrader 

Âgé maintenant de 70 ans, Paul Schrader a travaillé comme scénariste pour les plus grands cinéastes, tout en réalisant ses propres films (American Gigolo, le remake de La Féline). Avant de rejoindre le projet de Taxi Driver, il avait travaillé pour Sydney Pollack, sur Yakuza, polar américano-japonais sur fond de kidnapping. Son scénario a capté l’attention de personnes hautement placées dans le milieu du cinéma.

Ce serait même grâce à lui que Martin Scorsese et Robert De Niro se sont retrouvés sur le plateau. Au départ, c’était Robert Mulligan et Jeff Bridges qui étaient respectivement pressentis pour le film, mais Paul Schrader avait eu un vrai coup de cœur pour Mean Streets.

Le réalisateur du récent Dog Eat Dog a écrit le scénario de Taxi Driver en une semaine (les sources varient entre cinq et dix jours). Il faut dire qu’en se basant sur sa propre vie, l’inspiration vient rapidement. Si le script a été influencé par l’histoire d’Arthur Herman Bremer, qui tira quatre fois sur George Wallace, candidat à la présidentielle, en mai 1972, il y a tout de même beaucoup de Paul Schrader dans Travis Bickle. Au point que Martin Scorsese a souvent déclaré que c’était plus son film que le sien.

À cette époque, Paul Schrader était fasciné par les armes à feu et, dévasté par une rupture amoureuse, il s’enferma plusieurs semaines dans sa voiture, sa nouvelle maison. Lorsque sa copine s’absentait, il retournait dans leur appartement et s’attelait à ce scénario, qui fut un exercice aux vertus thérapeutiques.

4. Des proches au casting 

( © Les Grands Films Classiques )

(DR)

5. C’est la dernière BO de Bernard Herrmann

Surtout connu pour sa collaboration avec Alfred Hitchcock sur Mais qui a tué Harry ?Le Faux Coupable, L’Homme qui en savait trop ou encore plus tard sur Sueurs froides (Vertigo), La Mort aux trousses ou Psychose, Bernard Herrmann a aussi composé la musique de Citizen Kane d’Orson Welles.
Le compositeur a profondément marqué Hollywood avec ses mélodies symboliques qui ont rythmé les grands classiques du septième art. Malheureusement, il meurt le 24 décembre 1975. La veille de Noël mais surtout le soir du dernier jour d’enregistrement de la musique de Taxi Driver, qui lui est dédié. C’est donc à Martin Scorsese qu’il a offert sa dernière partition.
Cette BO sensationnelle et symbolique, dirigée par la douce mélodie d’un saxophone impassible, a eu droit a un CD en 1998 et s’est offert cette année, pour marquer l’anniversaire du film, une édition vinyle inédite, sur laquelle Robert De Niro pose sa voix.

Article publié le 9 novembre 2016 et mis à jour le 9 février 2021.