Hatsune Miku: la diva 2.0 du premier opéra virtuel

Hatsune Miku: la diva 2.0 du premier opéra virtuel

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Par Afifia B

Publié le

The End : la fin ou un commencement ?

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Cette balance entre le réel et le rêve, ce doute entre la réalité concrète et le virtuel joue dans cette oeuvre le rôle de pivot; un pivot qui met face à face toutes les contradictions pour mieux les observer. En signant une oeuvre sans humains, en dépouillant sa création de toute présence vivante, The End transforme le spectacle en hublot introspectif. Une expérience que l’auteur et éditeur de subculture, Shiba Tomonori a décrit en une phrase significative :

The End plonge le public dans une quantité incroyable d’informations à travers la musique, le scénario, les images, la scénographie et tout un milieu sonore qui est vécu avec tout le corps. (…) La ligne mélodique se déroule en même temps que la projection d’images en 3D, stimulant le cerveau en continu.

Ce que Shibuya a mis en scène c’est une expérience aussi artistique qu’intérieure. The End c’est une incrustation éloquente du virtuel dans le réel. Une percée d’autant plus indicatrice sur le futur que le fondu entre ces deux univers s’estompe de plus en plus… Jusqu’à s’unir ? Car au-delà du spectacle, il y a surtout Hatsune Miku, l’héroïne à la voix enchanteresse qui nourrit plus d’un fantasme.
On savait les japonais très sensibles aux héros et héroïnes virtuelles – la culture manga en souligne clairement le trait – mais Hatsune Miku n’est pas une héroïne de livre, elle est sur une scène. Elle a posé un pied au-dehors de sa bulle imaginaire pour régner en live, en direct, face à un public qui suit son show, avec la même fougue et la même admiration qu’un fan à un concert de Beyoncé. Comment se fait-ce ? Il suffit de regarder un des live de Miku pour se rendre compte de la fascination qu’elle procure.
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Tombée de mâchoire ?

Hatsune Miku : star 2.0 ou “Net Age Diva”

Hatsune Miku est une héroïne en hologramme. Elle n’a aucune existence réelle puisque le seul coeur qui la fait fonctionner est un logiciel de synthèse vocal, un vulgos ” vocaloïd”. Les “vocaloïd” permettent l’enregistrement de paroles et de sons sans l’intervention d’un chanteur. En gros, il suffit d’enregistrer le vocabulaire et les sons nécessaires pour se constituer une bibliothèque dans laquelle on piochera à son gré pour composer les chansons. Cette bibliothèque est à la large disposition d’une communauté virtuelle autour de Miku Hatsune qui ne cesse de l’enrichir et de gonfler son répertoire.
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Miku appartient plus que n’importe quelle autre star humaine à son public. Et elle a l’avantage de se laisser construire sans faire lutter son ego ce qui la rend docile et modulable à l’infini. Enfin, comme elle est dépourvue de psyche, elle est sans faille humaine et donc en théorie, sans risque de décevoir ses fans. Une poule aux yeux d’or 2.0 dont beaucoup ont su en tirer les bénéfices.
C’est le cas de Crypton Future Media, société spécialisée en logiciels et communautés en ligne, qui a fait évoluer cette invention pour que les voix puissent être portées par des personnages. C’est ainsi qu’est née Miku Hatsune le 31 août 2007. Lorsque CFM présente Miku au monde, la société la présente comme le “premier son du futur” qui incarne “ un monde à venir où les chansons sont perdues”. Nostalgie de la réalité d’hier ?
Quoiqu’il en soit, c’est de cette façon que l’héroïne en hologramme est devenue la “Net Age Diva” et a entamé sa tournée qui s’avère grandissante. Entre temps, le logiciel s’est sophistiqué : sur scène, elle danse, elle attise, elle incarne plus qu’elle ne joue la voie d’un futur possible et en ça, ça reste fascinant.
En outre, qu’un opéra virtuel à l’héroïne en hologramme s’intitule “The End” soulève plus d’une interrogation. Les mêmes contradictions obsessionnelles qui font tanguer les hommes depuis que le monde est monde. Même quand tout change, rien ne change vraiment.