Pourquoi l’œuvre primée d’une intelligence artificielle fait scandale ?

Pourquoi l’œuvre primée d’une intelligence artificielle fait scandale ?

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© Jason Allen

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Par Lise Lanot

Publié le

La scène, à la croisée du néoclassicisme et du théâtre intergalactique, interroge le futur de l’art.

C’est une scène somptueuse qu’a proposée un certain Jason Allen à une compétition d’art organisée dans le Colorado. Son tableau Théâtre d’opéra spatial reprend les règles du néoclassicisme, croisées avec une ambiance de gala intergalactique. On pourrait presque croire à une œuvre perdue de Jacques-Louis David, retrouvée mille ans plus tard peut-être, tant les lignes directrices, les jeux de lumière et le style rappellent son célèbre Sacre de Napoléon.

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Fourmillant de détails et présentant un admirable travail des lumières et des contrastes, le tableau a subjugué le jury de la compétition artistique états-unienne, jusqu’à les convaincre de lui attribuer le premier prix de leur catégorie numérique. Pourtant, Jason Allen n’a pas vraiment usé de ses dix doigts ou de sa tablette graphique mais d’une intelligence artificielle nommée Midjourney.

Théâtre d’opéra spatial, 2022. (Capture d’écran Jason Allen)

Dans la lignée de nombreux autres programmes du même genre, Midjourney génère des images à partir de descriptions textuelles. Au contraire de ses concurrents, à l’instar du célèbre Dall-E, le programme utilisé par Jason Allen crée des images à l’atmosphère plus sombre et onirique, précise PetaPixel.

La nouvelle n’a pas plu aux adversaires de Jason Allen, ainsi qu’à certain·e·s professionnel·le·s de l’image, qui estiment que ces outils signent la mort des artistes. Le dessinateur Matt Bors souligne auprès de The Atlantic la façon dont “les nouvelles technologies” profitent plus qu’à toute autre personne aux “milliardaires” en les rendant “plus riches”. “C’est très cool pour les développeurs et les fanas de tech, mais pour les illustrateurs, c’est assez perturbant parce qu’on dirait qu’il est désormais inutile de nous embaucher.”

Jason Allen s’est défendu en arguant qu’il avait prévenu l’organisation du concours que son œuvre avait été générée par une intelligence artificielle. Il a ajouté qu’il avait retravaillé la production avec Photoshop puis Gigapixel et voulait voir jusqu’où pouvait aller une œuvre générée par un algorithme.

Ces explications n’ont pas convaincu ces artistes qui déplorent la rapidité avec laquelle les nouvelles technologies prennent le pas sur leur travail manuel et créatif, peut-être en train de doucement s’évanouir.